A la base, j’avais prévu de publier aujourd’hui un petit billet sur la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, et d’en profiter pour exposer pourquoi je crois que transformer les départements français en Etats fédérés serait un début de solution au jacobinisme qui nous ronge depuis des décennies.
Je vous promets, chers lecteurs, que je finirai par écrire ce billet, mais aujourd’hui il me semble nécessaire de parler du danger terroriste chez nous.
Je n’aime pas jouer les alarmistes, à vrai dire, et ce qui me motive à écrire aujourd’hui est moins le danger terroriste lui-même que l’incurie - ou la malhonnêteté - médiatique à son sujet.
Aujourd’hui un nouveau site Seveso a été attaqué.
Cette fois, ce n’est pas par un amateur abruti qui a essayé de lancer sa voiture sur des bouteilles de gaz, mais par des professionnels. Les témoins ont entendu des explosions. Et la manière dont les médias font mine d’écarter avec précaution la « thèse de l’accident » est assez grotesque : depuis ce matin, j’ai entendu une dizaine de fois que deux incendies déclarés sur deux cuves distantes de 500 mètres, c’est très « improbable ». Ils n’ont pas précisé que deux incendies déclarés sur deux cuves distantes de 500 mètres après que des témoins aient entendu des explosions était encore plus improbable.
Mais, décidément, nos journalistes ont bien du mal à faire le lien entre les choses - peut-être ont-ils refusé, sur consigne du gouvernement, de le faire afin de ne pas provoquer de panique - car j’ai du attendre d’entendre ce soir un envoyé spécial de TF1 pour que soit, enfin, évoqué le lien avec le vol massif d’explosifs qui a eu lieu il y a une semaine à Miramas, soit à ... 20 km de là.
C’était facile à voir pourtant. Merci Mappy.
En apprenant le vol d’explosifs et en constatant la proximité du 14 juillet j’étais, comme beaucoup de personnes, inquiet : le risque d’attentat me paraissait élevé. Mais cela n’empêche pas le black-out médiatique : on parle au pire « d’acte malveillant ».
J’ai même entendu un journaliste (sur France 2, je crois) expliquer que la thèse de l’attentat terroriste semblait à écarter, puisqu’il n’y avait eu aucune revendication. Le journaliste n’a aucunement envisagé que personne n’ait revendiqué parce que le boulot n’est pas fini : on revendique une fois qu’on a atteint son résultat. Avant, revendiquer ne fait que donner des indices aux enquêteurs et leur permettre d’interrompre les opérations.
Et, de fait, il paraît suspect que des individus aient fait preuve d’un grand professionnalisme dans le vol d’explosifs sur un site militaire et le sabotage de nuit d’une usine classée Seveso, pour provoquer simplement un gros incendie sur deux cuves, sans le moindre mort. On ne peut pas exclure qu’il ne s’agisse encore que d’une diversion. En tout cas, si l’on a bien affaire à du terrorisme - et il m’étonnerait qu’il s’agisse d’autre chose, alors on devra constater que le degré de professionnalisme, de planification et de mise en oeuvre des terroristes de nouvelle génération est proprement effrayant.
Cela dit, en soi, l’opération aurait pu faire beaucoup plus de mal qu’elle n’en a fait : d’après ce que j’ai compris des commentaires d’experts, les cuves auraient pu se rompre. C’était vraisemblablement le but des terroristes : si les cuves avaient rompu et que les hydrocarbures s’étaient répandus, c’est tout le site qui aurait pu finir dans les flammes. D’autres cuves auraient pu se rompre, relâchant des produits toxiques. Le feu aurait été pratiquement impossible à maîtriser, quand on sait que tous les pompiers du département ont été mobilisés pour éteindre deux cuves. De plus, vue la canicule qui sévit sur tout le sud de la France depuis un mois, l’incendie aurait pu se propager à la campagne environnante. Cela aurait été proprement cataclysmique, et il y aurait eu des dizaines de morts, au lieu de 0. Bref, on ‘la échappée belle...
Le site pétrochimique de Berre l'Etang. Si les cuves avaient lâché, tout aurait pu partir en fumée. Un sacré acte de malveillance.
Mais pour combien de temps ? Après tout, on ne sait toujours pas à qui étaient ces drones qui survolaient les sites nucléaires, il y a quelques mois.
Et par-dessus tout cela, le silence : silence du gouvernement, silence des médias. Peut-être ce silence évite-t-il des réactions de panique et des émeutes. Mais il demeure que cette chape de silence et de mensonge me cause un profond malaise.
Tout ça est donc caractéristique d'un 14 juillet paisible, tenez-vous le pour dit. On se demande ce que serait un 14 juillet entaché d'incidents graves !...