Questions historionomiques 4 : Le devenir de l'Union européenne 2/2

Dans cette vidéo, je poursuis sur la lancée du QH n°4 et aborde dans une deuxième partie la question du devenir de l'Union européenne en traitant des questions de la gestion européenne du problème migratoire, de la stratégie d'Angela Merkel et des réactions nationales à cette stratégie, ainsi que les risques d'implosion du système européen.

Questions historionomiques n°4 : Le devenir de l'Union européenne 2/2

Comments

[Philippe Fabry]

Merci pour cela Robert. Effectivement, certaines "interprétations" des nouvelles par les médias russes confinent au hoax.



L'autre jour, Sputnik a "relayé un article de je ne sais plus quel média américain en titrant en substance "les USA désormais en retard technologique sur l'armée russe", alors que l'article originel disait que l'armée US avait perdu son avance technologique dans un certain nombre de domaines, parce qu'elle avait investi dans un tas d'autres qu'elle estime d'avenir, dans lesquels la Russie n'a quasi rien.

[RobertMarchenoir]

Cher Philippe Fabry,



Je me permets de commenter ici votre post Facebook suivant, n'étant pas sur FB et ne souhaitant pas y être :



"L'article à dégueuler de Sputnik du jour, qui a l'avantage de donner une définition russe de "l'amitié". Titre : "La Finlande préfère l'amitié avec la Russie à l'adhésion à l'Otan"."



Il ne s'agit pas simplement d'un "article à dégueuler", c'est carrément un hoax, une fausse nouvelle comme les services de propagande du Kremlin en déversent à flot continu sur l'Europe. Suivez bien mon petit démontage, c'est tout à fait représentatif des méthodes de désinformation soviétiques (pardon : russes, mais ça n'a pas beaucoup changé...).



Dans un premier temps, j'ai découvert cet article par le biais d'un commentateur poutiniste du blog d'Ivan Rioufol, se faisant appeler Zen, pseudonyme qu'il change régulièrement. Il se peut qu'il ne soit qu'un idiot utile, mais il présente de nombreux signes caractéristiques du troll du Kremlin.



Il avait posté les lignes suivantes, présentées comme un extrait de presse, qu'il s'est bien gardé d'accompagner d'un lien, ni même d'attribuer à un média en particulier :



"Après l'avertissement de Moscou que la Russie répondra par des mesures militaires et techniques à ses frontières septentrionales si la Suède décide de rejoindre l'Alliance atlantique, la Finlande a pour sa part rejeté l'idée d'intégrer l'Otan."



"Commentant un rapport fait par un groupe international d'experts sur une éventuelle intégration de la Finlande à l'Otan, le président du pays Sauli Niinisto s'est prononcé contre toute adhésion, rapporte le média finlandais YLE."



" "Nous n'avons pas besoin de changer la politique actuelle", a déclaré M.Niinisto dans une interview accordée au média YLE."



Et il ajoutait son propre commentaire :



"Vaut mieux éviter d'être en première ligne face à un pays qui ne fait pas joujou à la guerre mais si nécessaire la fait."



http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2016/05/oui-les-faits-sont-tetus.html#comment-776478



Cette pseudo-nouvelle m'a surpris, car, suivant un peu la question, je n'avais vu nulle part d'annonce que la Finlande avait décidé de ne pas rejoindre l'OTAN.



Une rapide recherche Google m'a montré que personne n'avait fait état d'une telle nouvelle... sauf Sputnik France. Et, comme par hasard, les phrases citées par mon troll avaient été copiées sur "l'article" de Sputnik.



https://fr.sputniknews.com/international/201605011024668551-finlande-otan-russie-amitie/



Ce dernier prétend qu'il tient son information "du média finlandais YLE". Bien entendu, nul lien, sur Sputnik, vers "l'article du média finlandais YLE", qui permettrait de vérifier l'information.



L'article existe cependant bel et bien. L'ennui, c'est qu'il ne dit pas du tout ce que prétend Sputnik ! Il dit même, pratiquement, le contraire. Le voici :



http://yle.fi/uutiset/president_niinisto_possible_nato_membership_not_a_joint_finnish-swedish_decision/8850984



La nouvelle a pour origine un rapport commandé par le gouvernement finlandais, portant sur une éventuelle adhésion du pays à l'OTAN. Sa principale conclusion est que si la Finlande décidait d'adhérer, elle aurait intérêt à ce que la Suède le fasse en même temps.



Conclusion que Sputnik prend bien évidemment garde de mentionner...



Le président finlandais Sauli Niinistö, interrogé par YLE, dit ceci, dès le deuxième paragraphe de l'article :



"Speaking with Yle on Saturday, President Sauli Niinistö stressed that both countries will make their own independent decision."



" "We don't have any kind of automatic, linked destiny that would mean that if one decides something that the other would immediately do the same. On the contrary, it looks like the decision-making process is quite tricky," said Niinistö."



"The President did concede that opinions in both countries influence the other, but he added that NATO membership for Finland would require a referendum on the issue."



En français :



"Interrogé samedi par YLE, le président Sauli Niinistö a souligné que les deux nations [la Finlande et la Suède] prendraient leur décision de façon indépendante."



Dès le deuxième paragraphe de l'article , nous apprenons donc qu'en aucune manière la Finlande n'a décidé de ne pas adhérer à l'OTAN. La décision n'est pas prise ! Le pays est en plein débat sur cette question... C'est un mensonge pur et simple que de prétendre, comme le fait Sputnik, que "La Finlande préfère l'amitié avec la Russie à l'adhésion à l'Otan".



Le président finlandais poursuit :



" "Nos destinées [à la Finlande et à la Suède] ne sont nullement liées de façon automatique, de sorte que la décision de l'une entraînerait immédiatement la décision de l'autre. Bien au contraire, il semble que le mécanisme de décision sur ce sujet soit assez complexe", dit Niistö."



"Le Président a reconnu que l'opinion publique de chaque pays influait sur l'autre, mais il a ajouté qu'une adhésion de la Finlande à l'OTAN nécessiterait un référendum."



Et ce n'est qu'à la toute fin de l'article, au 13e et avant-dernier paragraphe, que l'article dit :



"President Niinistö added that his own view on NATO membership has not been changed by the new assessment report."



" "My position is that we have no need to alter our current policy," said Niinistö."



Soit :



"Le président Niinistö a ajouté que le récent rapport n'a pas modifié son propre point de vue concernant l'adhésion à l'OTAN."



" "Ma position est que nous n'avons pas besoin de modifier notre politique actuelle", a dit Niinistö."



Par politique actuelle, il faut entendre, je suppose, la non-adhésion à l'OTAN.



On voit bien la façon malhonnête dont les services de désinformation russes s'y prennent pour déformer la réalité afin de la faire coller à leurs intérêts : la mention, en passant, par le président finnois que lui, pour sa part et personnellement, se satisfait d'une non-adhésion à l'OTAN est jugée si peu significative, par la presse finlandaise elle-même, qu'elle est rejetée en fin d'article et ne fait certainement pas l'objet d'un titre.



En revanche, tout le reste de l'article, ainsi que les multiples informations disponibles par ailleurs, montrent que l'adhésion à l'OTAN est un sujet de débat qui fait rage en Finlande actuellement, que la question n'est pas réglée et que l'entrée dans l'OTAN n'est pas du tout exclue.



Le président finnois prend tellement au sérieux l'hypothèse de l'adhésion, qu'il envisage un référendum dans ce but.



Le premier ministre Juha Sipila, qui a commandé le rapport, affirme, lui, que le gouvernement doit être prêt à solliciter l'entrée dans l'OTAN si nécessaire, selon le site américain Defense News :



http://www.defensenews.com/story/defense/international/europe/2016/04/30/finland-risks-serious-crisis-russia-if-joins-nato-experts-warn/83745742/



Et d'ailleurs, selon l'article d'YLE, la Finlande est déjà aussi proche de l'OTAN qu'il est possible sans être un membre à part entière.



En revanche, ce qui est exact, ce sont les menaces militaires de la Russie à l'encontre de la Finlande, pour le cas où elle rentrerait dans l'OTAN. Menaces militaires dont la Russie est coutumière, à l'encontre de nombreux pays européens dont la France.



Autrement dit, Sputnik France, et les trolls du Kremlin qui diffusent sournoisement sa propagande, fait comme si tous les pays du monde étaient une dictature, à l'instar de la Russie. En Russie, le Führer Poutine décide, et puis c'est tout.



En Finlande, et dans les pays occidentaux, il y a un petit truc très difficile à comprendre pour ceux qui n'ont pas l'habitude, ça s'appelle la démocratie : il y a un débat public sur les sujets stratégiques, tous les membres du gouvernement ne sont pas forcément d'accord, le peuple vote, et le point de vue personnel du président a si peu d'importance qu'il est relégué en fin d'article par la presse nationale.



On voit ici à l'oeuvre la méthode mille fois répétée par les services secrets russes pour répandre des milliers de bobards en direction de l'Europe :



1. L'un de leurs médias de désinformation ouverts ou clandestins (Sputnik, RT, Les Crises.fr...) lance une fausse nouvelle, dissimulée au milieu d'articles rapportant, eux, des faits exacts (même s'ils sont présentés de façon à étayer la propagande du Kremlin).



2. Cette fausse nouvelle se base sur un fond de vérité, un événement ayant réellement eu lieu, mais déformé, enrichi de détails complètement inventés, le tout aboutissant à un mensonge, et étant présenté sous une forme destinée à manipuler l'opinion occidentale pour qu'elle fasse pression sur ses gouvernements, afin qu'ils cèdent aux intérêts russes.



3. Le média de désinformation russe prétend avoir trouvé l'information dans un média occidental, afin de la laver de tout soupçon de partialité.



4. Il s'abstient soigneusement de fournir un lien vers ce média, afin d'empêcher toute vérification.



5. Les trolls du Kremlin qui envahissent les espaces de commentaires des médias et blogs occidentaux répercutent la "nouvelle", en prétendant être des citoyens de ces pays.



6. Par le passé, ils avaient tendance à donner un lien vers leur fausse source, afin de "prouver" leur honnêteté. (Il y a un lien, donc c'est vrai.) Désormais, les gens savent que Sputnik, RT ou d'autres sont des poubelles au service de l'espionnage russe, donc les trolls ne mettent plus de lien, afin de ne pas être immédiatement démasqués.



7. Parfois, la nouvelle est carrément inventée de bout en bout, comme pour ce prétendu professeur breton dont les élèves auraient été interrogés par la gendarmerie, afin de connaître le contenu d'un de ses cours consacré à la Russie (publié d'abord sur le site indépendantiste breton Breiz Atao, antisémite et poutiniste, puis repris ailleurs).



A noter la rapidité de réaction de Sputnik, qui a publié sa fausse nouvelle 3 heures seulement après la mise en ligne de l'article de YLE.



J'ai, personnellement, répéré différents hoaxes injectés dans l'Internet français de cette manière, n'ayant jamais fait l'objet d'une réfutation par quiconque. C'est dire le nombre réel de fausses nouvelles diffusées par les services russes...



Peut-être est-il temps de redonner vie à cet article de loi qui punit ce genre d'agissements (voir en particulier le deuxième paragraphe) :



https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006419726&cidTexte=LEGITEXT000006070722

[Nickkasisanstete]

Bonjour, effectivement c'est très intéressant.

je crains que ce soit pas l'islam qui pause problème mais la différence entre les personnes:

- qui aurait dit que la bible était soluble dans la modernité en 1572 au moment de la Saint Barthélémy,

- et si ce n'était que l'islam qui pausait problème, nous aurions accueilli les Roms d'une bien meilleure façon

[Traderidera]

Toujours aussi passionnant... Des idées qu'on ne peut jamais entendre sur les grandes chaines de télé.

Je n'ai malheureusement pas assez entendu parler de la répulsion des européens pour l'Islam. Le fait que le migrant, à 98%, soit musulman est le facteur décisif qui provoque ce rejet. Il n'y aurait pas, ou beaucoup moins d'hostilité à l'égard de ces flux migratoires s'ils étaient le fait de populations chrétiennes. Or, à bien y regarder, l'Islam est un totalitarisme au même titre que le communisme et le nazisme. Le rejeter est donc une réaction tout à fait saine de la part des Européens. Mon dernier conseil : lisez le Coran ! Et si vous trouvez dans ce livre un message de paix, eh bien je vous recommande de réapprendre à lire !

A moins que l'Islam soit soluble dans la modernité, ce qui est votre thèse, à long terme. En attendant, pour une, deux générations ou plus, on est fort mal barrés !