Pourquoi il n’est pas judicieux de renforcer Poutine, sous aucun prétexte, même la lutte contre le terrorisme islamique.
Aujourd'hui je laisse la parole à mon ami Julien Lalanne, pour ce billet invité qui s'intéresse à la question de la fameuse coalition internationale intégrant la Russie, et rappelle judicieusement que le danger stratégique principal n'est pas là où il est à la mode de le voir.
D'abord, ce n’est pas judicieux parce que Daesh n’est pas un ennemi mortel pour la France.
Daech, un danger spectaculaire mais en réalité limité
Il est vrai qu’il convient d’abord de se demander si Daesh est en mesure de frapper durement la France. Et force est de reconnaitre que Daesh ne dispose d’aucun moyen pour le faire. Pas de missiles intercontinentaux, pas de sous-marins lanceurs d’engin, pas de marine, pas d’aviation... bref aucun moyen de projection de capacité de destruction pour une organisation politique dont le territoire agité est à 6000 km de la France. Le seul moyen de projection dont dispose Daesh, ce sont des commandos composés de ratés du système incapable de travailler, de trouver un employeur (sauf bien sur dans les communes et à la ratp pour en faire de fonctionnaires).
La force de ces commandos est dans la motivation. Elle n’est pas dans l’expertise, l’intelligence et le savoir faire ni même dans le nombre à entendre le premier ministre Australien http://www.zinfos974.com/Pour-le-Premier-ministre-australien-Daech-est-faible--avec-plus-de-smartphones-que-de-fusils_a94311.html. Il n’y a probablement rien de plus à craindre d’eux que ces fusillades immondes.
Or il existe un risque bien plus définitif qui menace notre pays.
Poutine, la vraie menace
Il faut plutôt se demander s’il n’existe pas une menace existentielle pour la France bien plus importante que celle de Daesh qui est, comme dit plus haut, insignifiante même si elle crée dans une émotion immense. Or il est à l’Est un pays revanchard, que son leader a mis en ordre de bataille en supprimant physiquement les opposants et en triplant son budget de la « défense » ; qui a envahi directement ou indirectement deux pays européens cherchant à rejoindre la civilisation occidentale ; qui possède des missiles intercontinentaux, des sous-marins lanceurs d’engins, une aviation, des armes chimiques, bactériologiques, etc. Ce pays a revu sa doctrine d’emploi de l’arme nucléaire en vue de son utilisation en soutien d’une invasion terrestre d’un pays européen. Et ses idéologues voient en la Russie un rôle civilisationnel profitable à toute l’Europe, même contre son gré.
Enfin il faut se demander quel intérêt a Poutine à empêcher les attentats en France. Réponse : aucun.
Chaque français tué par un musulman fait monter en flèche les votes en faveur du Front National, parti qu’il finance et dont il s’est assuré la vassalité. L’intérêt de Poutine, c’est de laisser les terroristes de Daesh passer quand il en voit un pour qu’il aille commettre un attentat en France. C’est probablement pour cela que Poutine ne bombardait pas Daesh avant le 13/11 et qu’il le bombarde encore que très peu aujourd’hui.
Nous voyons donc que l’intérêt de renforcer un danger certain (la Russie de Poutine) pour atteindre une cible peu menaçante (les bédouins de Daesh) avec, de plus, peu de chance de réelle coopération (Daesh est l’allié objectif de Poutine en ce qu’il renforce les politiciens qui lui sont inféodés en Europe de l’Ouest et qu’il justifie sa présence en Syrie) est quasi nul.
La question turque
Alors que la position stratégique de la Turquie pouvant priver la Russie d’accès à la méditerranée contribue à diminuer le risque mortel pour la France que constitue la Russie de Poutine et que la Turquie accueille des millions de migrants arabes, réalisant ainsi une zone tampon bien utile à la l’Europe.
La Turquie est indispensable à la sécurité de chaque membre de l’Alliance dont la France.
Alors que la Russie pourrait apporter quoi ?
Militairement rien de significatif. La Russie ne dispose pas de moyen de projection, d’intendance permettant de renforcer significativement son dispositif alors que l’OTAN a établi dispose de moyens conventionnels infiniment supérieurs dans la région : bases aérienne US en Arabie, en Turquie ; anglaise à Chypre ; armée de terre turque ; Porte-avion français et américain ; factions rebelles alliées en Syrie…. Si la solution militaire doit être envisagé, il n’y que l’OTAN qui soit en mesure de résoudre le problème là ou Poutine ne peut que jouer à Fort Alamo depuis le réduit Alaouite.
Politiquement, un affaiblissement de l’OTAN met la France en danger.
Si au moins renforcer Poutine pouvait permettre de détruire Daesh et de se dire qu’il ne nous reste plus qu’un problème (Poutine lui-même) certes renforcé mais unique ! Mais ce n’est pas le cas. En premier lieu parce que Poutine n’a aucun intérêt à voir Daesh disparaitre, mais également parce que Daesh n’est, en France, que le catalyseur d’un mal plus profond.
Et la lutte contre le terrorisme me direz-vous ? Il faut bien supprimer Daesh pour sécuriser la France !
Nous répondons que pour indispensable que la soit la lutte contre le terrorisme islamique, l’extermination de Daesh n’en est pas la solution.
Rappels historiques :
1995, attentats commandités par le GIA algérien. Le GIA algérien a été détruit mais nous avons toujours des attentats.
Années 2000, Merah et nombreux attentats évités jusqu’au 7.01.15, attentats commandité par Al Qaïda. Al Qaïda est quasi détruite, il y a toujours des attentats. Rappelons que ce sont les Etats Unis qui on décimé ce groupe par leur intervention en Afghanistan et en Irak ce qui a permis, par la création de ce front voisin de l’Arabie Saoudite, à l’armée US d’être directement en contact avec les membres de cette mouvance pour les exterminer.
Les attentats ne s’arrêteront donc pas avec la destruction de Daesh. La radicalité en France due à l’assimilation très difficile de certaines populations immigrées devra toujours s’exprimer. Telle les têtes de l’hydre, une organisation étrangère se revendiquant de l’Islam prendra toujours la place de celle qui vient d’être coupée.
Même en l’absence de commanditaires extérieurs permettant de la catalyser, cette même radicalité n’a eu qu’à prendre en 2005 la forme d’émeutes urbaines qui ont, déjà à l’époque, nécessité la promulgation de l’état d’urgence.
Les attentats du 13 novembre n’ont pas été commis par des Syriens mais par des personnes détentrices d’un passeport français. Si guerre il y a, c’est à des français qu’il faut la faire. Or cette guerre, le Président Hollande n’a pas le courage de la faire. De façon assez désespérante, il préfère détourner l’attention des Français vers la Syrie, bombarder de loin des cibles dans le désert, donner des gages à la droite poutinisée quitte à affaiblir l’Alliance Atlantique et exposer la France à un danger réellement mortel pour le coup.
Quelles vont être les conséquences de ce calcul de François Hollande visant à ne pas se mettre à dos le peu d’électorat qui lui reste ?
1- Affaiblissement de l’OTAN qui est le seul rempart sérieux contre le danger mortel russe.
2- Renforcement de la droite poutinienne, les français terrorisés devinant inconsciemment qu’Hollande ne fait rien pour prévenir les prochains troubles s’en remettant à la chimère formée au KGB.
3- Renforcement de la position de Poutine en Syrie et donc maintien de la situation actuelle favorable au Kremlin.
4- La lutte contre Daesh rendue au final plus difficile par la présence russe (l’installation de missile S400 par la Russie paralyse l’action de la coalition occidentale contre Daesh, objectif de Poutine) http://www.bfmtv.com/international/syrie-washington-inquiet-du-deploiement-de-missiles-antiaeriens-russes-933015.html
5- Problème chronique de la radicalité d’une partie des populations immigrées en France non résolu.
Ainsi la solide politique étrangère que nous avait proposée François Hollande s’est effondré semble-t-il au soir du 13 novembre. Le risque de guerre civile en France l’a condamné à chercher un ennemi extérieur et se faisant il vient de renforcer le véritable ennemi extérieur : Vladimir Poutine. Celà tout en ne combattant pas suffisamment l’ennemi intérieur qui demeure. Hollande a voulu déclencher une petite guerre extérieure pour éviter une guerre à l’intérieur ; eh bien la France aura un jour et sa guerre intérieure et la grande guerre extérieure.
Et les Français ? Ils semblent suivre Hollande. Ils préfèrent voir la guerre à 6000 km de chez eux plutôt qu’au coin de la rue. La Poutinolâtrie bat son plein alors que le Kremlin sert chaque jour son lot de victimes expiatoires et de postures viriles à des français dont le sentiment d’impuissance n’a jamais été aussi prégnant. Les frappes depuis le Charles de Gaulle seront financées par la dette publique.
Les enfants paieront… La dette et le reste.