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Historionomie - Le Blog de Philippe Fabry
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31 juillet 2016

Vers une guerre sino-indienne ?

En ce qui concerne la grande guerre à venir, j'ai assez parlé de Poutine et des vraisemblables mouvements russes. C'est pourquoi je n'écris plus guère sur le sujet : j'ai dit l'essentiel, et le "suivi" des évènements est fait à travers la page Facebook de La guerre de Poutine

En revanche, je n'ai en définitive que très peu parlé de l'autre grand front de cette guerre, le front asiatique, autour de la Chine. Nous avons d'ores et déjà créé une page dédié au suivi de l'actualité dans cette région, intitulée La guerre de Xi. Son lancement est l'occasion pour moi d'aborder de manière plus complète cette question de la physionomie du conflit à venir dans cette région.

Je ne reviendrai guère sur les grandes lignes du parallèle avec le Japon Meiji et Showa que l'on trouvera ici et avec quelques détails supplémentaires , où l'on trouvera aussi les éléments généraux concernant le danger des ambitions chinoises en mer de Chine.

Sur ce dernier sujet, avec une perspective américaine sur le danger chinois dans le Pacifique, voir cette vidéo en anglais. Elle appelle selon moi trois remarques :

1) Seule une intervenante évoque rapidement un parallèle possible avec le Japon, mais ne constate pas à quel point il n'est pas seulement possible mais avéré

2) Aucun des intervenants ne souligne l'alliance militaire de fait entre Chine et Russie : lorsque l'un des deux entamera les hostilités avec l'Amérique, l'autre saisira l'occasion pour avancer ses pions face aux Etats-Unis, car ce sera une opportunité à saisir.

3) Le reportage est américano-centré : il se soucie surtout de l'Asie du Sud-Est et du Pacifique, et ne parle guère de l'Inde, cible importante.

 

Aujourd'hui, c'est précisément de cela dont je voudrais parler : la menace d'un conflit armé entre l'Inde et la Chine.

En effet, j'avais déjà évoqué ici le fait qu'économiquement l'Inde, désormais plus compétitive que la Chine, devient chaque jour un concurrent plus dangereux, un véritable rival pour le titre d'atelier du monde. Je soulignais aussi un événement démographique majeur à venir : en 2022 l'Inde ravira à la Chine le titre de pays le plus peuplé du monde, ce qui ôtera à l'Empire du milieu un important élément de prestige qui est en même temps un avantage stratégique d'un point de vue militaire.

On peut ajouter à ceci que la Chine est aujourd'hui dans une phase démographique curieusement très favorable à la guerre, contrairement à ce que l'on pense souvent. Car si la politique de l'enfant unique a engendré des familles resserées où l'envoi à la guerre du fils serait naturellement plus mal vécu que quand il y a plusieurs enfants, on doit noter que les 15-24 ans en Chine, c'est environ 190 millions de personnes, dont 100 millions de mâles, car le différentiel H/F est très élevé. Ce qui signifie que la Chine peut perdre dix millions de jeunes hommes virtuellement SANS conséquence démographique à long terme, puisque ces gens ne pourraient de toute façon pas se reproduire. Et ce nombre double si vous ajoutez les 25-34 ans. Si l'on réfléchit comme un statisticien communiste - ce que sont, ne l'oublions pas, les dirigeants chinois - cela s'appelle une opportunité démographique : aucun pays n'a jamais pu se vanter d'avoir 20 millions d'hommes à perdre sans conséquence démographique. Et si l'on songe que dans 30 ans ils ne seront plus disponibles et que l'Inde aura alors 400 millions d'habitants de plus que la Chine, soit 30% de plus, et un PIB alors plus important que celui de la Chine, la fenêtre de tir apparaît bien étroite.

Il faut savoir ensuite que de nombreux éléments de contexte font que, un demi-siècle après la guerre sino-indienne, les tensions persistent dont cet article, quoique vieux d'un an, fournit une bonne synthèse. Et ces dernières semaines, le risque de confrontation a encore grimpé d'un cran.

D'abord, nous avons assisté à une provocation sino-pakistanaise dans province du Cachemire occupé par le Pakistan.

De son côté, l'armée indienne a augmenté sa présence à la frontière chinoise (Tibet occupé). Et l'on ne parle pas d'un petit déploiement mais de plus d'une centaine de tanks T 72, toute une brigade blindée, qui devrait être montée à une division après que le Pentagone ait informé les Indiens de ce que la Chine masse elle-même des troupes de son côté de la frontière.

A la suite de cela, de grands médias ont commencé à envisager sérieusement l'hypothèse d'un futur, sinon imminent, conflit armé entre Inde et Chine.

Nous avons aussi appris que l'armée chinoise avait fait plusieurs incursions en territoire indien au début du mois de juillet ; il a aussi également été question de "repérages" par hélicoptère.

L'Inde présente en effet plusieurs raisons d'être la première cible de la Chine, bien avant que celle-ci ne décide de s'en prendre à ses voisins en mer de Chine.

La première raison, je l'ai évoquée ci-dessus, vient du caractère imminent du dépassement démographique de la Chine par l'Inde, et dans les années qui suivront d'un dépassement économique ; cela crée un sentiment d'urgence, et l'on sait que l'émergence d'une nouvelle puissance face à une puissance installée est de nature à dégénérer en ce genre de conflit. La Chine, habituée à être, face aux USA, la puissance émergente, est pourtant déjà menacée par une Inde émergente qui constitue pour elle un défi prioritaire, et d'autant plus prioritaire qu'elle se trouve entre elle et ses fournisseurs d'hydrocarbures. C'est d'ailleurs pour cela que, depuis des années, la Chine s'efforce d'encercler l'Inde par terre et par mer.

Indechine

Ci-dessus, la Chine, avec en violet son "collier de perles" autour de l'Inde, son allié pakistanais et le "Corridor économique" (en noir) financé par la Chine pour avoir un accès direct à la Mer d'Arabie et aux hydrocarbures.

 

La deuxième raison est que dans la perspective de sa confrontation avec les Etats-Unis (à un terme de plus en plus court), la Chine peut considérer qu'elle doit au préalable se débarasser d'un rival puissant qui pourrait devenir allié des USA et la frapper dans le dos. C'est ce que représente l'Inde, dont les Etats-Unis cherchent à se rapprocher depuis des années. Dans cette optique, la Chine pourrait recherche un conflit localisé afin de modifier de fait le tracé des frontières à son avantage, en repoussant la frontière indienne au pied de l'Himalaya, et non sur sa crête, transformant ainsi la plus haute chaîne montagneuse du monde en grande muraille pour le flanc sud de la Chine, transformant ainsi l'Ouest de la Chine en forteresse. 

Indechine2Ci-dessus, en vert l'actuelle frontière sino-indienne. En rouge la nouvelle frontière que pourrait tenter d'obtenir la Chine par une guerre éclair, en s'emparant des provinces limitrophes de la Chine : l'Himachal Pradesh, l'Uttarakhand, le Sikkim et l'Arunachal Pradesh, qu'elle convoite depuis longtemps.

Enfin, l'Inde n'étant pas formellement alliée des Etats-Unis, la Chine pourrait s'en prendre à elle sans craindre une intervention immédiate américaine, et cela fait des Indiens la cible idéale d'un test militaire permettant de détourner l'attention de la population, par un engagement nationaliste, des difficultés économiques que rencontre le pays depuis un an.

 

La dernière raison pour laquelle je suis enclin à penser que les hostilités en Asie devraient démarrer par ce conflit entre Chine et Inde est plus "historionomique" et nous ramène au parallèle avec le Japon impérial.

L'Inde : la Chine de la Chine ?

Il faut en effet se souvenir que c'est du côté de la Chine que se trouvent les origines du volet Pacifique de la Seconde guerre mondiale.

Revenons un peu en arrière : en 1894-1895 se tint la première guerre sino-japonaise, par laquelle l'Empire du Japon, en pleine modernisation depuis le début de l'ère Meiji (1868) contraignit l'Empire de Chine, dont le développement économique était plus en retard, à lui céder plusieurs îles, dont Taïwan, et la suzeraineté sur la Corée. Le Japon fut cependant empêché par la pression occidentale et russe d'obtenir toutes les concessions territoriales qu'il souhaitait.

Ce n'est qu'à partir des années 1930, et spécifiquement de 1937, que l'expansionnisme japonais se déchaîna en Chine, avec à la clef un bilan humain de plus de 20 000 000 de morts. Comme chacun sait cette guerre, que les Japonais prévoyaient courte à l'origine, espérant placer des gouvernements vassaux sans avoir à occuper et administrer eux-mêmes des territoires aussi vastes, s'enlisa, dura huit ans et se termina par la défaite japonais dans la Seconde guerre mondiale.

Entretemps, l'invasion chinoise avait, pour une bonne part, provoqué l'embrasement de l'Asie. En effet, les agissements du Japon contre la Chine entraînaient une forte réprobation internationale, notamment des Etats-Unis, du Royaume-Uni et des Pays-Bas, présents dans la région par leurs colonies et possessions, qui instaurèrent un embargo général sur le pétrole et les matières premières afin de contraindre le Japon à cesser son agression et à négocier la fin du conflit. Refusant de se soumettre, le Japon préféra tenter sa chance dans l'agression générale, avec Pearl Harbor et l'attaque générale des possessions britanniques et néerlandaises en Asie, profitant de ce que les puissances européennes étaient paralysées par la guerre contre l'Allemagne et les succès germaniques.

 

La Chine, depuis l'instauration de la République populaire en 1949, suit une trajectoire similaire. La première guerre sino-indienne, en 1962, a permis à la Chine de faire reculer sa frontière, quoiqu'elle ait été bridée dans son avancée par la pression soviétique et américaine. A partir de cette date, elle a renforcé sa coopération avec le Pakistan, Etat créé en 1947 par détachement de l'Inde et qui, aujourd'hui, est pratiquement devenu un vassal de la Chine, tenant un peu le rôle de la Corée entre Chine et Japon jadis.

Aujourd'hui, le gouvernement chinois pourrait être tenté de reprendre une escalade militaire avec l'Inde pour les raisons et les buts invoqués ci-dessus, et sur le modèle de ce que fit le Japon, sans avoir forcément la maîtrise des événements, qui pourraient dégénérer : l'Inde comme la Chine sont des puissances nucléaires, ainsi que le Pakistan. Nul ne sait jusqu'où pourrait aller un conflit, surtout si les Chinois sont prêts à recourir à la même brutalité que les Japonais jadis contre eux.

En tous les cas, il susciterait une forte réprobation internationale, en particulier des Etats-Unis qui ne manqueraient sans doute pas de soutenir l'Inde. Des sanctions économiques seraient à prévoir, qui pourraient achever d'ébranler l'économie chinoise et pousser les dirigeants chinois à des aventures en mer de Chine, développement d'autant plus probable si dans le même temps la Russie de Poutine pousse ses pions en Europe et occupe l'attention de l'OTAN. On serait alors dans un schéma de guerre mondiale tout à fait similaire à celle de 1940, et que j'ai déjà évoqué sur ce blog.

Pour l'instant, suivant les mêmes pratiques que la Russie de Poutine, la Chine de Xi joue l'hypocrisie. Et, toutes deux ensemble, les forces de l'Axe de notre temps se préparent.

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Commentaires
A
Philippe Fabry dit :<br /> <br /> "Dans cette optique, la Chine pourrait recherche un conflit localisé afin de modifier de fait le tracé des frontières à son avantage, en repoussant la frontière indienne au pied de l'Himalaya, et non sur sa crête, transformant ainsi la plus haute chaîne montagneuse du monde en grande muraille pour le flanc sud de la Chine, transformant ainsi l'Ouest de la Chine en forteresse. "<br /> <br /> <br /> <br /> Même si la Chine cherche a reculer sa frontière vers le sud, je pense aussi que la Chine veut controler les réserves d'eau du chateau d'eau de l'Himalaya qui lui seront vitale avec le changement climatique en cours. Désaliniser de l'eau de mer coute cher en énergie.
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E
Les motivations de poutine sont effectivement obscures et difficiles à appréhender. En effet il personnifie totalement le regime , et semble vouloir ramener la Russie vers une position hégémonique sur l'Europe,Caucase et Eurasie ... Mais dans ce cas, pourquoi accumuler autant de richesses personelles (200 Md$ ..)? Et SI c'est par ambition personnelle , pourquoi ne pas avoir d'héritier ? Et pourquoi risquer de tout perdre dans une posture agressive ?<br /> <br /> malheureusement, les leaders qui entrent dans ce profil sont en general la source de bien des malheurs ... Cela fait un peu "apres moi le déluge" ...
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U
"Dernier point interessant concernant la Chine, cette strategie n'est pas personalisee , comme c'est lâ cas du regime poutine en russie. Ainsi, SI poutine venait à mourir, il est très possible que le regime en place s'effondrerait, en tout cas dans sa structure actuelle."<br /> <br /> <br /> <br /> C'est justement ce qui me fait penser que la Russie est beaucoup plus dangereuse que la Chine. La Russie est une république bananière qui se trouve posséder des armes nucléaires.<br /> <br /> <br /> <br /> Poutine est dans le court terme, voir l'immédiat. La seule chose qui compte pour lui c'est de "laisser sa trace" dans l'histoire, comme pour tout les hommes mégalomaniaques.<br /> <br /> <br /> <br /> Toute la propagande russe est axé autour de son personnage, comment remplacer quelqu’un qui a été érigé au rang de dieu ? On ne peut pas, et Poutine ne souhaite pas avoir d'héritier. Regardez l'exemple du Venezuela avec Maduro. Chavez lui a laissé un pays qu'il savait en ruine, ainsi ce dernier a encore plus de gloire car Maduro, sans charisme mais avec d'aussi mauvaises idées, n’arrive à rien...<br /> <br /> <br /> <br /> Après Poutine, la Russie redeviendra dans un premier temps un gros rien du tout avant de se disloquer. Il ne faut pas oublier l'artificialité de l'état nation russe. La Russie pourraient aussi bien compter 10 régions de plus ou de moins. Lors de l’effondrement de l'URSS, beaucoup de républiques de l'est et du sud-ouest avaient tentés leur chance avant d’être rattrapés par Mosou...<br /> <br /> <br /> <br /> Ha oui, puis la démographie fait exploser les diverses communautés ethniques et religieuses, particulièrement musulmanes, pendant que le nombre de russes ethniques et orthodoxes ne fait que diminuer...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas bon pour nous, puisque les russes les plus occidentalisés sont justement les russes du nord ouest. Mais cela ne fera pas non plus l'affaire des russistes, puisque cela va casser le mythe de la civilisation russe qui serait blanche et chrétienne comme l'occident mais serait distincte dans le sens où elle défendraient les "vrai valeurs" face à notre "décadence".<br /> <br /> <br /> <br /> On pourrait aussi parler de l'épidémie de HIV qui touche toutes les anciennement villes industrielles à seulement quelques dizaines de kilomètres de Moscou...
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E
Bonjour<br /> <br /> J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet article qui m'a mene à lire beaucoup d'autres sur votre blog que je ne connaissais pas. <br /> <br /> Premier constat, il est eminement rassurant de lire des personnes qui partagent ma vision si pas pessimiste mais en tout cas anxiogène de l'avenir proche.<br /> <br /> Je pense en effet que tant la Chine et lâ russie partage une trajectoire commune menant à un irrémédiable affrontement avec l'Occident dans une conflagration majeure.<br /> <br /> Ceci étant posé, et pour avoir quelque temps vecu en Russie, je ne pense pas que cet affrontement résultera d'une volonté mais d'une nécessité visant à protéger le pouvoir de l'oligarchie Poutine. Jusque 2010, le pouvoir russe existait de par le marché "croissance contre liberte" : les russes acceptaient bien volontier de perdre une petite partie de leurs libertés (par la perte des medias d'opposition hormis novaya gazeta ..) contre une promesse de pouvoir s'enrichir. On parle beaucoup des oligarchies russes peu nombreux qui brassent des milliards, mais pour les russes l'exemple était les nombreux exemples dans la classe moyenne qui parvenaient en quelques années à rouler en 4x4 Audi et s'habiller en Dolce Gabanna ... A ce titre, l'ascenseur social etait une realite jusqu'en en 2010-2012 ... <br /> <br /> Mais à partir de 2012, l'effet induit de cet enrichissement se fit sentir et les voies des opposants comme Nemtsov devenaient de plus en plus audible .. La population commença à s'intéresser aux alternatives à poutine ... Rappelons qu'avant l'épisode ukrainien toujours en production , la popularité de poutine était au plus bas depuis la fin de la deuxième guerre de Tchétchénie , à peine au dessus de 50%. Medvedev lui etait meme sous les 50%. Les risques pour le pouvoir, face à l'effet multiplicateur de la crise de 2008 qui arrivait en russie , etaient donc tres élèvés . <br /> <br /> Et donc Poutine n'avait d'autre choix que de revenir vers un pacte "sécurité contre liberte" ou, plutot, " fierté nationale contre liberte".<br /> <br /> On sous estime beaucoup le ressentiment des russes vis à vis de la fin de la guerre froide, du role supposé des americains dans l'éclatement de l'URSS, et de l'indifférence occidentale avérée pour le peuple russe dans les annees 90. Ce sentiment est à rapprocher du sentiment de revanche germanique suite à l'humiliation du traité de Versailles . Il a longuement couvé et a été un pilier éducatif d'une large majorité de la jeunesse russe...<br /> <br /> Dès lors, Poutine n'a d'autres choix pour proteger son pouvoir que de flatter l'ultra nationalisme russe et de creer un conflit sans matérialité face à une OTAN qui jusque la, se souciait bien peu de la russie ...<br /> <br /> Malheureusement , une fois le pied dans l'engrenage , le pouvoir n'a d'autre choix que d'aller de plus en plus dans cette direction .. La russie a dès lors modifie ses plans de preparation operationelle et ses peogrammes d'armement , non pas pour préparer une attaque, mais pour donner le change à sa population. On peut voir les limites de la volonte actuelle d'engagement dans l'épisode du SU24 abattu par l'aviation turque : la reponse russe fut extrêmement mesurée , très loin des declarations bellicistes du genre "nous allons atomiser Copenhague" ... Poutine sait parfaitement qu'aujourd'hui, ni lui ni son allié chinois ne sont pret à une confrontation frontale même limitée avec l'OTAN, et que cela déboucherait irrémédiablement vers sa destitution ..<br /> <br /> Mais le fait est, dans un avenir plus ou moins long, le pouvoir russe devra se confronter à l'OTAN ne serait ce que pour redefinir les bases d'une guerre froide... Avant la chute des prix du pétrole et du gaz qui représentent 65% des ressources du gouvernement russe, j'aurais dit que l'armée russe aurait été prêté à défier (et non vaincre) l'OTAN à horyzon 2025. Aujourd'hui , en l'absence de reaction des pays de l'OTAN vers une politique de defense plus robuste, cela se situerait plutôt vers 2035. Et SI les pays de l'OTAN hors États Unis se mettaient à respecter les 2% du PIB dédiés à La Défense, je pense que lâ russie ne sera jamais en situation de delta de force suffisant pour imaginer une attaque, d'autant que la démographie russe ne va pas dans le bon sens et que donc chaque décennie perdue affaiblit significativement la capacite militaire humaine du pays..<br /> <br /> Revenons à la Chine : <br /> <br /> Le probleme est quasiement le même dans ses origines , à savoir que le déclenchement des crises est avant tout lié à la protection du regime face à la fin d'un cycle economique qui vient à menacer l'équilibre des pouvoirs. <br /> <br /> En revanche la Chine ne fait pas face à une alliance militaire forte comme l'OTAN , mais par une nébuleuse de pays plus ou moins alliés et maintenus "ensemble" par lâ volonte US. Cette situation ouvre des opportunités de conflits locaux limites pour la Chine bien plus nombreuses qu'en Europe. Mais les bases sont les memes...<br /> <br /> En revanche le calendrier differe , car la Chine sera elle capable de s'engager militairement des 2020 contre des pays comme le Vietnam , lâ Malaisie ou les philipinnes , et en 2025 contre le Japon, lâ Corée du Sud ou Taïwan ... La Chine ne faisant pas face à la perte de revenus liés aux prix du petrole, le plan d'armement de la Chine poursuit son cours. Ainsi, l'année dernière lâ marine chinoise a reçu 3 TCD, 3 destroyers , 4 fregates et 5 corvettes. Cela correspond peu ou prou au renouvellement de la flotte de surface francaise sur ces 20 dernieres annees .. Pour l'heure lâ marine chinoise ou son aviation n'est pas en mesure de prendre l'ascendant sur la flotte japonaise , mais, à ce rythme , dans 10 ans elle sera une réelle menace contre le Japon meme renforcé de la flotte US.<br /> <br /> Concernant l'Inde, je ne pense pas que la Chine se risquerait à etre à l'origine d'un conflit sino-indien. En revanche , je pense que la Chine va largement soutenir le Pakistan et l'inciter à l'action d'ici 2020-25, lui promettant l'ouverture d'un second front. Mais avant cela, il est impératif que la Chine ait fini de mèttre lâ main sur l'ensemble des technologies militaires russes, que ce soit par voie de copie, d'espionnage ou economique , et plus probablement un mélange des 3.<br /> <br /> N'oublions pas que la Chine aura nécessairement besoin des terres et des ressources sibériennes pour soutenir son economie et sa transformation vers un economie de consommation intérieure , préambule indispensable au déclenchement d'un antagonisme à long terme avec l'Occident. <br /> <br /> Bref, selon moi, la Chine se concentrera pendant 10 ans sur des conflits limites mais necessaires pour soutenir le nationalisme et ce afin de protéger le regime. <br /> <br /> Dernier point interessant concernant la Chine, cette strategie n'est pas personalisee , comme c'est lâ cas du regime poutine en russie. Ainsi, SI poutine venait à mourir, il est très possible que le regime en place s'effondrerait, en tout cas dans sa structure actuelle. En revanche en Chine, le regime n'est pas lié à Xi , mais au parti. Ainsi, le décé du dirigeant n'entraînera probablement pas de modification profonde de la trajectoire de la Chine ...<br /> <br /> Voilà ) bon pour un premier commentaire je me suis un peu lâché , navrés si j'ai été trop long.<br /> <br /> Merci encore pour votre travail
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D
" le drame étant la crétinerie incoercible des états désunis,ce pays qui en environ 230 ans d'existence a connu 210 ans de guerre dont 200 depuis 1945:comme l'a dit Kissinger cynique mais lucide "Ils s'y épuiseront et ne peuvent même plus financer leur budget militaire colossal " <br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez un peu oubliez l'épilogue de la guerre froide ou ceux qui furent épuisés et ruinés ont été non pas les USA mais les soviétique et l'URSS. A lire votre commentaire vous devez être un frustré qui ne supporte pas que l'histoire ne va das le sens auquel vous auriez aimé. Désolé pour vous que les 200 guerres qui ont suivit 1945 nous ont pour la plupart permis d'avoir des Mac do et Microsoft à la place des goulags des camps de travail et des pénuries alimentaires. <br /> <br /> <br /> <br /> Les crétins obstinés sont ceux qui persistent à croire que le monde libre est à l'est et pas à l'ouest.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand au budget militaire US dit " Colossal " c'est env 4,5% du PIB. C'est deux fois moins que la guerre du Vietnam qui était de 9% du PIB. 39-45 c'était plus du 30% du PIB. Et c'est 4 fois moins que les dépenses de la santé qui se situe à 15% du PIB.<br /> <br /> <br /> <br /> D.J
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  • Blog de Philippe Fabry, historien-théoricien. Ce blog reprend notamment ses travaux relatifs aux "lois de l'Histoire" et leur emploi pour mieux analyser le monde actuel. Tous les articles sont librement reproductibles, avec la mention www.historionomie.com
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