Chine : l'échec du néo-communisme

Cela fait un bon moment que je n'avais parlé de la Chine.

Depuis mes derniers billets, le yuan a été admis dans le panier des Droits de Tirage Spéciaux. Il faut dire qu'il devenait de plus en plus difficile de le refuser, et que les Américains avaient déjà beaucoup fait traîner cette évolution. Un joli coup réussi pour le gouvernement chinois, qui en faisait une affaire de prestige.

Mais il est peu probable que cela suffise à protéger la Chine de la crise qui s'annonce, et dont on a vu les prémices cet été.

D'aucun ont pu se réjouir en estimant que les prévisions catastrophiques qui ont été faites à l'occasion des montagnes russes boursières de cet été étaient largement excessives, et observer avec satisfaction la stabilisation de la bourse chinoise durant les derniers mois.

Mais voici que 2016 débute en fanfare avec un nouvel effondrement boursier. La cause ? La poursuite du ralentissement de l'activité manufacturière, après un rebond léger et éphémère, mais aussi (et surtout, puisque durant les mois de stabilisations ce ralentissement quasi-continu n'avait plus provoqué une telle chute) l'approche de l'expiration des mesures prise cet été pour enrayer la chute des cours ; des mesures, il faut le dire, authentiquement communistes, consistant en des interdictions de vente et des obligations d'acheter.

Ce nouveau krach, donc, est tout ce qu'il y a de plus normal : il révèle la complète artificialité de l'état de la bourse chinoise ces derniers mois, le caractère faux de sa stabilisation : tout cela ne tenait que par le socialisme. Et naturellement, à présent, si on laisse le marché reprendre ses droits, la dégringolade méritée reprendra de plus belle, et d'autant plus fort qu'on l'aura entravée et empêchée de suivre l'évolution de la situation économique générale durant six mois.

L'inconnue est donc celle-ci : le gouvernement communiste chinois laissera-t-il tomber le dirigisme boursier avec lequel il a jusqu'à présent maintenu l'illusion que tout allait bien, ou va-t-il le maintenir et continuer à ôter à la bourse chinoise toute espèce de signification ?

En tous les cas, une chose est certaine : derrière la vitrine d'une bourse chinoise maintenue à son niveau par un corset de règlementations, qui pourrait d'ailleur finir par ne même plus suffire, l'état de l'économie chinoise se détériore.

Comme prévu.

Comments

[Antoine]

L'histoire comme les autres disciplines scientifiques collecte des faits et les ordonne, conçoit des théories et teste leur validité ou non sur le réel. Mais on utilise rarement le terme de théorie : en raison de son objet propre, constitué de faits passés donc uniques et non reproductibles par l'expérimentateur, la discipline se concentre sur la collecte des faits et leur mise en ordre. Les theories sont non explicites (systèmes de valeur de l'historien par exemple) ou peu développées et statiques, c'est à dire sans visées prédictives (recherche des causes décisives de tel événement par exemple). L'historien s'aventure aussi à proposer ici et là des micro-théories sur des 'patterns' qu'il croit avoir repéré dans le passé. Plus rarement, et c'est le cas de Philippe Fabry, les théories ont un objet plus vaste, développées de manière systématique et peuvent alors devenir des outils prédictifs et d'aide à la décision. Avec un inconvénient inhérent à la discipline : là réfutation des théories par les faits futurs peut nécessiter années, décennies ou davantage.

[RobertMarchenoir]

Je remarque votre carte de visite : "Philippe Fabry, historien-théoricien". Là, vraiment, j'ai du mal. Je reconnais que cela synthétise remarquablement votre approche. C'est précisément ce que je n'arrive pas à concevoir. Comment peut-on être historien et théoricien à la fois ? Un historien est justement le contraire d'un théoricien... Ses "théories", il passe justement son temps à tenter de les dynamiter... par sa propre recherche historique.

[Josick]

Mon commentaire posté sur IDL :

"Nous n’y croyons pas car la Chine possède les moyens de piloter dans la durée la transition d’une économie de production tournée vers l’exportation vers une économie de services plus orientée sur la consommation intérieure. "

Ce n'est pas dans l'adn des autorités chinois constate Philippe Fabry dans son dernier billet sur historionomie. Mais bien sûr, c'est un jeunot, les dinosaures d'IDL écho d'Abraham ne peuvent faire place au fils dont ils ne font pas écho, verrouillent la parole après l'avoir encensé pourtant une première fois. Cela commence à m'agacer prodigieusement !

http://institutdeslibertes.org/la-chine-larabie-saoudite-les-grands-risques-des-marches-pour-2016/#comment-147705

[Michel]

Le prologue, le chapitre IV (sur XII) et la conclusion du livre de Rocard et Larrouturou traitent de la Chine.

Et vont dans le sens de la catastrophe imminente annoncée par l'auteur de ce blog.



N'étant pas socialiste, j'avais acheté ce livre " La gauche n'a plus droit à l'erreur' pour comprendre la politique du gouvernement actuel.

Je n'y comprends toujours goutte - ce qui est assez normal vu ma formation initiale, mes centres d'intérêts et mes capacités hélas. Le seul argument que je trouve en sa faveur : si les Pères La Rigueur avaient raison, pourquoi Cameron après Teacher ? Blair avait-t-il déjà effacé toute l'oeuvre de la Dame de fer ?



Mais le livre m' a vivement interpellé et si un lecteur de ce blog pouvait en signaler une critique avertie...

[un_lecteur]

C'est la que l'on va bientôt commencer à voir les limites de l'alliance entre la Chine et la Russie. La Chine a aucunement besoin de voir le pétrole remonter et préfèrerait donc un moyen orient stable la ou l’intérêt de Poutine est de semer le chaos.