Aujourd'hui, une première : je reproduis partiellement ici (pour ceux qui veulent le lire entièrement, cf. lien en fin d'article) le dernier billet de Michel Leter, qui donne une excellente synthèse de la situation économique chinoise et américaine et à la diffusion duquel j'ai voulu apporté ma maigre participation.
Des bruits de bottes pour couvrir la cacophonie boursière
Il était temps que tout rentre dans l'ordre car on préparait la grande parade de la célébration de la victoire de 1945, le 3 septembre. Afin de profiter de la fête dans les meilleures conditions possibles, depuis le début de la chute des marchés chinois, pas moins de 200 blogueurs et autres trublions ont été arrêtés et emprisonnés. Les autorités ont rendu impossible toute recherche sur les mots "krach" ou "bulle boursière" sur les moteurs de recherche chinois. Elles ont pu déployer en toute sérénité place Tian-An-Men (après avoir fermé les usines alentour dans l'espoir de retrouver l'azur d'un ciel d'habitude lourd de pollution) 12 000 soldats, 500 engins et près de 200 avions et hélicoptères survolant la place. Écoles, musées, centres commerciaux et même la Bourse ont fermé leurs portes afin que tous les Pékinois puissent suivre (à la télévision naturellement car il n'est pas question que la liesse populaire puissent s'exprimer dans les rues) la titanesque parade militaire.
N'oublions pas qu'il va falloir financer les jeux de 2022 encore à Pékin mais cette fois-ci les jeux d'hiver puisque les membres du CIO ont poussé la bienveillance à l'égard des camarades chinois jusqu'à consentir à faire comme si Pékin était une station de sports d'hiver : l'imagination du comité olympique pourvu qu'il soit financé par les largesse d'une banque centrale n'a plus de limites !
Le président Xi Jinping a annoncé une réduction de près 15 % du nombre de soldats (300 000 hommes en moins). Ces mesures de désarmement, classiques dans la rhétorique des puissances qui sont sur le pied de guerre, restent trop cosmétiques pour faire de l'ombre aux vrais vedettes du défilé les missiles balistiques qualifiés de «tueurs de porte-avions» par la presse chinoise. Il s'agit ici de viser le symbole de la puissance pélagienne américaine qui lui permet de frapper où elle veut et quand elle veut.
Le Japon avait humblement demandé que l’événement « ne soit pas antijaponais mais contienne plutôt des éléments de rapprochement entre le Japon et la Chine » mais Shinzo Abe ancré à l'Amérique depuis sa défaite à l'instar de l'Allemagne n'est pas allé jusqu'à s'afficher au défilé, pas plus qu'Angela Merkel. L'Amérique ne veut toujours pas en finir avec le système de la guerre mondiale et l'esprit de Bretton Wood, qui lui vaut de conserver l'hégémonie grâce au dollar. Ignorant les doléances japonaises, le président Xi a proclamé que la Chine est redevenue « un grand pays dans le monde » à la suite de la victoire de 1945. La Chine doit cesser de déplorer l’« histoire malheureuse » a répliqué le Japon et regarder l’avenir. Les Japonais sont responsables de la mort de quelque 20 millions de Chinois et ces derniers reprochent toujours aux Japonais l’absence d’excuses pour les atrocités commises leur armée impériale.
La bourse de Tokyo répond à la grande parade par une salve haussière
Mais c'est sur le terrain économique que Tokyo préparait la riposte. La chute record de la bourse de Shanghai n'était pas plus tôt enrayée que la bourse de Tokyo était saisie d'une fièvre haussière en raison de l'incorrigible Shinzo Abe, qui a tout de même pris soin d'attendre sa réélection triomphale à la tête du PLD, pour semer le désordre sur les marchés.
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