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Historionomie - Le Blog de Philippe Fabry
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16 septembre 2015

Billet invité : Vers l'Apocalypse monétaire (Par Michel Leter)

Aujourd'hui, une première : je reproduis partiellement ici (pour ceux qui veulent le lire entièrement, cf. lien en fin d'article) le dernier billet de Michel Leter, qui donne une excellente synthèse de la situation économique chinoise et américaine et à la diffusion duquel j'ai voulu apporté ma maigre participation.
Vers l'apocalypse monétaire, Acte II, scène 1 (suite) : La nouvelle guerre du Pacifique va-t-elle conduire la Fed à renoncer à une hausse de son taux directeur le 17 septembre ?
Déchaînement anticapitaliste en Chine : 
où en est-on de l'application du point 5 
du programme du Manifeste du parti communiste ?

Si le réchauffisme est un mythe, le dérèglement du climat financier en Asie est bien réel.
Tout ceci, nous répètent les journaux, n'a rien à voir avec le communisme, ce n'est que la énième crise du capitalisme qu'il est plus urgent que jamais que jamais de réformer. Rappelons tout de même que la prolifération des banques centrales n'a pas seulement été inspirée par les succès impérialistes de la banque d'Angleterre instituée dès 1694 mais aussi par le point 5 du programme du parti communiste tel qu'il est énoncé dans le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels et qui prévoit la "Centralisation du crédit entre les mains de l'État au moyen d'une banque nationale dont le capital appartiendra à l'État et qui jouira d'un monopole exclusif". Observons qu'il s'agit bien de tuer la relation entre le crédit et le capital (née de l'épargne) et de faire de l'État par le monopole de la création monétaire l'unique source du crédit. Dans la mesure où l'État est toujours privatisé par des coteries et dirigé par des oligarchies le caractère publique ou privé de cette banque centrale est secondaire. 

Ainsi il n'y a pas lieu d'opposer les trois types de banques centrales qui ont permis de réaliser le rêve de Marx la une banque populaire communiste, la BPC; la banque publique néo-socialiste théoriquement indépendante la BOE (Bank of England), la BOJ (Bank of Japan) et la BCE; la banque privée néo-socialiste théoriquement fédérale (la Fed)

Dans un système communiste, il n'y a pas de place pour la responsabilité et le risque qui sont organiquement attachés au capital. Ainsi en cas de krach en Chine, le tradeur n'est pas sanctionné par la perte du capital qu'il engage mais comme ce capital est fictif il est directement sanctionné par la police financière. Ainsi pour répondre au lundi noir, le parti a lancé ses limiers en arrêtant les ennemis du peuple qui avaient vendu à découvert. 

La vente à découvert consiste à vendre à terme un actif que l'on ne détient pas le jour où cette vente est négociée mais qu'on se met en position de détenir le jour où sa livraison est prévue. L'actif vendu à découvert est généralement un titre mais le marché autorise également à vendre des devises ou des matières premières. Si la valeur de l'actif baisse après la vente à découvert, le vendeur peut le racheter au comptant et dégager une plus-value Si, à l'inverse, elle monte, le vendeur s'expose à un risque de perte illimitée, tandis qu'un acheteur ne peut pas perdre plus que sa mise de fonds. Le vendeur à découvert ouvre ce que l'on appelle une position courte (short selling), à l'opposé du détenteur d'un titre, qui a une position longue. 

Les limiers de la banque du peuple ont accusé les petits-bourgeois boursicoteurs, qui sont à ses yeux responsables du krach d'avoir abusé de la vente à découvert. L'utilisation de cet outil est donc désormais interdit. Le marché boursier sera donc dorénavant haussier par décret du parti unique. Les entreprises qui ont trahi le peuple en croyant présomptueusement qu'elles pouvaient, comme en Occident, céder impunément à la panique et vendre leurs actions ont été rappelées à l’ordre communiste. Instruction a été donnée au banques de prolonger les crédit accordés aux spéculateurs jusqu'à ce que les cours remontent afin d'éviter une masse de fermeture de positions perdantes. 

Le message à l'Occident est clair. La Chine se porte bien. L'hypothèse que le krach aurait été causé par la mauvaise santé de l'économie chinoise et par les bulles boursières et immobilières générées par l'expansion illimité du crédit est farfelue. 

Abandonnant la sagesse de l'Empire du milieu pour céder à celui de l'image la banque du peuple a cru bon de donner un visage à la frénésie coupable de la Bourse. Ce Kerviel chinois s'appelle Wang Xiaolu. C'est un journaliste oeuvrant pour le magazine Caijing, qui, on ne sait comment, a déjoué tous les dispositifs d'auto-censure. Le régime de Pékin est trop mou. Il ferait mieux pour la santé boursière du pays d'interdire tous les journaux.
Dans le plus pur style des confessions publiques de la période de la "révolution culturelle", le journaliste a dû se battre la coulpe devant les caméras de télévision en suivant un script écrit par Big Brother. Le journaliste a « avoué », dans une confession télévisée, avoir publié une « fausse information » en juillet qui a provoqué « panique et désordre » sur les marchés financiers. Il avait écrit que les autorités de régulation étaient en train d’étudier la possibilité que les fonds gouvernementaux se retirent des marchés financiers.

Mais ce n'est pas tout, la BPC est la meilleure des banques centrale possible car, non seulement elle a le pouvoir de modifier ses taux instantanément, sans débat, comme elle l'a fait après le krach passant subitement de 5,75% à 4,6% (pourquoi 4,6% et non pas 4,5%, allez savoir...) mais encore dans cet empire athée qu'est la Chine, elle s'est octroyée tous les attributs de Dieu. Elle peut faire surgir la richesse quand bon lui semble, mieux que la Fed son modèle car elle dispose de réserves de change supérieures à 3 000 milliards de dollars, soit quatre fois le TARP de 2008 (Troubled Asset Relief Program, bel euphémisme pour désigner les mesures hâtives et scandaleuses de renflouement des banques américaine, dit également plan Paulson).
Là encore, il n’y a qu’à procéder comme le font les Occidentaux : si quelqu’un, qui se donne une mine "systémique" perd de l’argent sur les marchés, il suffit de le renflouer, de 700 milliards de dollars, comme le système bancaire américain. C'est ce qu'a promis la BPC, il lui suffit d'imprimer ex nihilo.

Les candides qui croient au capitalisme en général et au capitalisme chinois en particulier imaginent que les banques sont suppôt du capital alors que la BPC ne cesse d'assouplir les règles sur les fonds propres des banques. Elle a d'abord baissé leur taux de 50 points et, suite au krach, elle a décidé tout simplement d'abolir les règles sur les réserves obligatoire, rayant d'un trait de plume ce qu'il restait de capitaliste dans l'Empire céleste. N’importe quelle banque peut désormais prêter n’importe quelle somme : peu importe le montant des dépôts qu’elle possède. Il suffit d’en avertir les autorités. 

Source: Externe

Sur ce graphique journalier on note en bas à droite un groupe de bougie haussière 
signalant la stabilisation des cours suite à l'intervention de la BPC sur ses taux d'intérêt
 
Des bruits de bottes pour couvrir la cacophonie boursière
Il était temps que tout rentre dans l'ordre car on préparait la grande parade de la célébration de la victoire de 1945, le 3 septembre. Afin de profiter de la fête dans les meilleures conditions possibles, depuis le début de la chute des marchés chinois, pas moins de 200 blogueurs et autres trublions ont été arrêtés et emprisonnés. Les autorités ont rendu impossible toute recherche sur les mots "krach" ou "bulle boursière" sur les moteurs de recherche chinois. Elles ont pu déployer en toute sérénité place Tian-An-Men (après avoir fermé les usines alentour dans l'espoir de retrouver l'azur d'un ciel d'habitude lourd de pollution) 12 000 soldats, 500 engins et près de 200 avions et hélicoptères survolant la place. Écoles, musées, centres commerciaux et même la Bourse ont fermé leurs portes afin que tous les Pékinois puissent suivre (à la télévision naturellement car il n'est pas question que la liesse populaire puissent s'exprimer dans les rues) la titanesque parade militaire.
N'oublions pas qu'il va falloir financer les jeux de 2022 encore à Pékin mais cette fois-ci les jeux d'hiver puisque les membres du CIO ont poussé la bienveillance à l'égard des camarades chinois jusqu'à consentir à faire comme si Pékin était une station de sports d'hiver : l'imagination du comité olympique pourvu qu'il soit financé par les largesse d'une banque centrale n'a plus de limites !
Le président Xi Jinping a annoncé une réduction de près 15 % du nombre de soldats (300 000 hommes en moins). Ces mesures de désarmement, classiques dans la rhétorique des puissances qui sont sur le pied de guerre, restent trop cosmétiques pour faire de l'ombre aux vrais vedettes du défilé les missiles balistiques qualifiés de «tueurs de porte-avions» par la presse chinoise. Il s'agit ici de viser le symbole de la puissance pélagienne américaine qui lui permet de frapper où elle veut et quand elle veut. 
Le Japon avait humblement demandé que l’événement « ne soit pas antijaponais mais contienne plutôt des éléments de rapprochement entre le Japon et la Chine » mais Shinzo Abe ancré à l'Amérique depuis sa défaite à l'instar de l'Allemagne n'est pas allé jusqu'à s'afficher au défilé, pas plus qu'Angela Merkel. L'Amérique ne veut toujours pas en finir avec le système de la guerre mondiale et l'esprit de Bretton Wood, qui lui vaut de conserver l'hégémonie grâce au dollar.  Ignorant les doléances japonaises, le président Xi a proclamé que la Chine est redevenue « un grand pays dans le monde » à la suite de la victoire de 1945. La Chine doit cesser de déplorer l’« histoire malheureuse » a répliqué le Japon et regarder l’avenir. Les Japonais sont responsables de la mort de quelque 20 millions de Chinois et ces derniers reprochent toujours aux Japonais l’absence d’excuses pour les atrocités commises leur armée impériale. 
La bourse de Tokyo répond à la grande parade par une salve haussière

Mais c'est sur le terrain économique que Tokyo préparait la riposte. La chute record de la bourse de Shanghai n'était pas plus tôt enrayée que la bourse de Tokyo était saisie d'une fièvre haussière en raison de l'incorrigible Shinzo Abe, qui a tout de même pris soin d'attendre sa réélection triomphale à la tête du PLD, pour semer le désordre sur les marchés.

Lire la suite sur le blog de Michel Leter.

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  • Blog de Philippe Fabry, historien-théoricien. Ce blog reprend notamment ses travaux relatifs aux "lois de l'Histoire" et leur emploi pour mieux analyser le monde actuel. Tous les articles sont librement reproductibles, avec la mention www.historionomie.com
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La date de la prochaine guerre mondiale
La prochaine guerre mondiale : peu probable avant 2017, après, oui
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QUELQUES RECENSIONS DU LIVRE :

"Un grand livre" Charles Gave
"Un essai bref, dense, très bien écrit, d'une érudition remarquable" Guy Millière

"Un admirable petit essai historique et juridique" Emmanuel Garessus
"Un ouvrage probablement majeur" Johan Rivalland
"Essai lumineux" Francis Richard
"Voici enfin une réponse particulièrement convaincante" Thierry Guinhut
"Un parallèle impressionnant entre l'histoire de Rome et celle des Etats-Unis" Fboizard
"Une vraie leçon de l'Histoire" Vivien Hoch

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Entretien avec Damien THEILLIER sur 24h Gold (Partie 1)
Entretien avec Damien THEILLIER sur 24h Gold (Partie 2)
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