Et voilà, le krach chinois se poursuit !
En dépit des discours lénifiants sur une correction qui avait pris fin et une nouvelle stabilité qui devait s’installer à la faveur des interventions de l’Etat ; il est vrai qu’un Etat qui intervient en bourse en interdisant aux gens de vendre ou en les obligeant à acheter, c’est forcément efficace… Non ?
Evidemment, on se doutait que non. Et vue la baisse continue du taux de croissance de l’économie chinoise depuis plusieurs années, on pouvait se douter que ces difficultés boursières ne trouveraient pas dans l’immédiat de causes naturelles de disparition, bien au contraire.
C’est pourquoi l’on pouvait s’attendre à ce que cette phase de « stabilité » due à la coercition étatique censée « rassurer » ne dure pas.
On sentait déjà un regain de fébrilité vendredi, avec un Shanghaï composite à -1,29 % en clôture, et on pouvait s’attendre à une poursuite de la baisse cette semaine, l’effet d’annonce du gouvernement étant passée.
Mais j’avoue avoir été estomaqué par cette grosse chute de 8,48 % du Shanghaï composite. Et je ne suis pas le seul : cette fois-ci on a observé une contagion immédiate à Hong Kong, New York et Paris : les marchés réalisent que le danger chinois est bien là, que ce n’était pas une petite erreur de parcours dans la fameuse gestion des très compétentes élites chinoises.
De fait, aujourd’hui, ce doit être un peu la panique chez lesdites élites : que peuvent-elles faire de plus que ce qu’elles ont déjà fait, pour enrayer la chute ?
Le plus probable est que, terrifiés à l’idée de voir ces problèmes boursiers ébranler le régime – la plupart des boursicoteurs sont des membres du Parti Communiste dont la situation financière va en prendre un coup – ils décident d’employer les grands moyens et de recourir à la manipulation monétaire, en suivant le même objectif que poursuit la Fed depuis des années : empêcher la bourse de baisser !
L’ennui pour eux étant qu’en novembre il doit être décidé si le FMI accorde ou non au renminbi, la monnaie chinoise, le statut de devise de réserves à intégrer aux Droits de Tirage Spéciaux, ce qui serait une reconnaissance institutionnelle de la valeur de cette monnaie. Le gouvernement chinois lui-même fait de cet objectif un point d’honneur, une étape de prestige dans l’émergence chinoise comme superpuissance mondiale.
Or, le FMI, qui a déjà refusé d’accorder ce statut en 2010, pourrait être à nouveau récalcitrant si la Chine passe les trois mois précédents sa décision à bidouiller ses marchés boursiers et à tripatouiller sa monnaie. Cela fait mauvais effet, et l’on peut parier que ceux qui n’ont aucun intérêt à voir le yuan paré d’une telle reconnaissance institutionnelle, c’est-à-dire les Etats-Unis soucieux de protéger l’hégémonie du dollar, pilier de leur politique internationale, sauront faire mousser cet argument au FMI.
Et si le renminbi n’acquiert pas ce statut de monnaie de réserve, alors la bourse chinoise perdrait l’argument que Charles Gave avançait récemment pour en prévoir la performance dans les mois à venir, et parier sur un krach ponctuel, et écarter l’hypothèse d’une longue et lente dégringolade.
La Chine serait alors bien dans son équivalent du krach de 1929.
Ce qui pourrait très mal finir.