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Historionomie - Le Blog de Philippe Fabry
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11 juin 2015

La prochaine guerre sera-t-elle nucléaire ?

Comme promis, je reviens sur cette question sur laquelle se terminait mon dernier billet : après deux articles consacrés à expliquer de différentes manières (ici et )pourquoi je pense qu’un conflit majeur éclatera entre les Etats-Unis et ses alliés fidèles, d’une part, la Russie, la Chine et les pays qu’ils parviendront à séduire d’autre part, autour de 2020 (en passant par une nouvelle crise économique américaine et mondiale en 2016).

En songeant à une guerre en Europe dont le principal antagoniste serait la Russie de Vladimir Poutine, laquelle souhaite réaliser son rêve pluriséculaire de domination du continent, le scénario nucléaire vient évidemment à l’esprit. Soit pour considérer que ces armes interdisent toute guerre, soit au contraire pour craindre un holocauste.

Le premier à avoir cherché à conquérir l’Europe entière pour l’unifier fut Napoléon, et cela provoqua quelque chose comme cinq millions de morts.

Le second, Adolf Hitler, provoqua une guerre qui fit plus de cinquante millions de morts.

Il n’est pas à exclure qu’ait lieu une guerre nucléaire qui fasse cinq cent millions de morts, en comptant tant les frappes elles-mêmes que les famines qui pourraient toucher le monde en cas d’hiver nucléaire.

Mais ce prochain conflit sera-t-il nucléaire ?

Dans un précédent billet, j’évoquais l’idée de Laurent Artur du Plessis dans son livre De la Crise à la guerre, voulant les guerres sont menées principalement avec les armes qui ont terminé les précédentes : l’artillerie a donné l’avantage aux prussiens en 1870, et s’est imposée en 1914, conduisant à la guerre de tranchées. C’est en tant qu’ils dépassaient cette problématique que les avions et les chars ont gagné en 1918 et été les armes principales en 1939, mais ce sont les bombes atomiques qui ont terminé la Seconde guerre mondiale.

M’arrêtant là, je reprenais telle quelle l’idée de Laurent Artur du Plessis, quoique seulement à titre d’indice, non que la croie « loi » intangible, et craignais que la prochaine guerre ne soit, effectivement, une guerre nucléaire.

Cependant, après réflexion et quelques discussions, j’incline à penser que la guerre nucléaire a déjà eu lieu, et que ce fut précisément la Guerre froide : on ne peut pas vraiment dire que les armes nucléaires n’ont jamais été employées, simplement il s’est essentiellement agi d’un emploi négatif, dissuasif : aucun des belligérants, USA et URSS, ne pouvait se passer de ces armes.

Qu’en a-t-il résulté ? A une autre échelle, les armes nucléaires ont eu un effet comparable à celui de l’artillerie moderne avant l’apparition des blindés et de l’aviation : la Guerre froide a été une guerre de tranchées mondiale, avec des positions tenues et quelques tentatives de percées, çà et là : Vietnâm, Afghanistan…

Et quelle est la nouveauté militaire qui a conduit à la fin de la Guerre froide ? L’Initiative de Défense Stratégique de Reagan.

1024px-Ground-Space_based_hybrid_laser_weapon_concept_art

 

Et depuis, il n’y a plus eu de guerre entre grandes puissances.

Cela pourrait bien signifier que l’arme de demain n’est pas l’arme atomique.

Certes, elle ne disparaîtra pas : l’infanterie, l’artillerie, les chars et l’aviation n’ont pas disparu. Mais elle perdra son statut d’arme maîtresse.

Si les choses vont ainsi, les armes principales de la prochaine guerre devraient être essentiellement les prolongations et retombées de l’Initiative de Défense Stratégique, c’est-à-dire les armes à énergie dirigée, et des cyber-armes. On sait que depuis trente ans les Etats-Unis ont multiplié les programmes de recherche sur les armes à micro-ondes et armes laser, avec des emplois très différents. D’énormes progrès ont été faits dans la maîtrise de ces technologies, et il est vraisemblable que l’arsenal américain dans ces domaines soit plus important qu’on ne croit.

L’autre versant des retombées de l’IDS est dans la militarisation de l’espace. Ainsi, on ne sait pas vraiment à quoi sert le X-37, ce drone-navette spatiale américain qui a d’abord été développé par la NASA avant d’être repris par la DARPA, l’agence américaine de recherche en armement, et l’US Air Force, et d’être classé confidentiel à partir de 2004.

Il est impossible de dire à quoi il sert exactement, et j’entre là dans la pure spéculation, mais son intérêt pourrait être à terme de maintenir de manière permanente, dans l’espace (lors de son dernier voyage, il est resté 674 jours en orbite) un véhicule armé d’une charge nucléaire destinée à provoquer une impulsion électromagnétique  afin de paralyser une bonne partie des systèmes d’armes de l’ennemi, spécifiquement nucléaires, suffisamment longtemps pour pouvoir les frapper et se placer ainsi en situation de force, l’ennemi étant partiellement désarmé.

D’après sa charge utile, le X-37 pourrait ainsi se promener en orbite basse,  en transportant quelques têtes nucléaires d’une puissance de quelques centaines de kilotonnes chacune, sachant qu’une explosion nucléaire de 100 kt à 100 km d’altitude suffirait pour frapper d’une impulsion électromagnétique la moitié du territoire américain. De quoi, donc paralyser temporairement la Chine ou la Russie, soit en vue d’une simple intimidation, soit en vue, dans un deuxième temps, d’un bombardement conventionnel ou nucléaire limité aux sites de lancement de missiles terrestres, l’Amérique comptant sur l’interception des sous-marin lanceurs d’engin ennemis pour achever de réduire la capacité de riposte adverse.

Et s’il faut dissuader l’ennemi d’utiliser les faibles capacités demeurant intactes, il reste alors le bouclier antimissile américain actuel, dont on sait qu’il ne pourrait arrêter qu’une vague de moins d’une vingtaine de missiles balistiques.

Par ailleurs, les Etats-Unis n’ont pas cessé, depuis l’IDS, de développer des armes laser, notamment antimissiles, parmi lesquelles le Boeing YAL, un avion tueur de missiles.

Ces technologies ne sont peut-etre pas toutes encore au point, mais pourraient bien l’être d’ici quatre ou cinq ans, soit la période pour laquelle je prévois l’éclatement d’un conflit mondial. Elles pourraient, elles aussi, s’inscrire dans le vaste système antimissiles américain.

A ces contre-mesures s’ajouterait l’éventuelle menace américaine de procéder à un bombardement nucléaire massif en cas de telle riposte. L’équilibre de la terreur étant brisé par les manoeuvres précédentes, une riposte nucléaire contre les Etats-Unis serait très improbable.

 

Energie dirigée

La stratégie du Sergent Zim : "L'ennemi ne pourra pas appuyer sur le bouton si on lui paralyse la main droite !"

Ainsi donc, ce prochain conflit pourrait n’être pas nucléaire, ou seulement partiellement nucléaire, sans mener à un holocauste, ce en raison d’une possible supériorité technologique militaire des Etats-Unis, fruit de recherches ininterrompues durant vingt-cinq ans, tandis que la Russie traversait une difficile période après la chute de l’URSS. Difficile de croire que des coûteux projets nourris quasiment en continu depuis l’Initiative de Défense Stratégique, au pays du Projet Manhattan, d’Appolo et du SR-71, il ne soit pas sorti quelques avantages comme ceux décrits ci-dessus, qui ne me paraissent pas relever du fantasme ni du délire technologique.

Il n’est pas impossible qu’aujourd’hui, Vladimir Poutine, qui cherche à moderniser son arsenal nucléaire, notamment en construisant un train devant servir de sous-marin lanceur d’engin terrestre, soit en réalité en train de construire une ligne Maginot qui pourrait être contournée par les Américains comme les Allemands ont contourné l’originale en 1940.

Mais inversement, il ne faut pas négliger les conséquences pratiques de la probable avancée technologique américaine : cela signifierait que l’équilibre de la terreur serait rompu, et qu’il ne resterait qu’un seul géant capable de dicter sa loi à l’échelle globale, et qui n’en serait jusqu’ici dissuadé que par son bon vouloir.

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Commentaires
J
Stephen Hawking n'exclut pas la possibilité de guerre nucléaire.<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.washingtonpost.com/news/speaking-of-science/wp/2016/01/20/why-stephen-hawking-believes-the-next-100-years-may-be-humanitys-toughest-test-yet/
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M
Quand on parle des guerres modernes on oublie souvent les fondamentaux. On n'envahit pas un territoire que l'on souhaite conserver avec blindés, des armes nucléaires, des armes lasers ou même des GUNDAM : mais avec de l'infanterie. Et je suis presque certain que l'infanterie russe est bien supérieur à celle US.<br /> <br /> Je crois aussi qu'on oublie souvent qu'entre la Russie et l’Alaska la mer n'est pas très large impliquant la possible non négligeable d'un débarquement Russe sur le territoire US (l'inverse aussi est possible mais bon si vous demandez l'avis de Napoléon ou Hitler ils vous expliquerons ce qu'il se passera... ^^)
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D
"cela signifierait que l’équilibre de la terreur serait rompu, et qu’il ne resterait qu’un seul géant capable de dicter sa loi à l’échelle globale, et qui n’en serait jusqu’ici dissuadé que par son bon vouloir." <br /> <br /> <br /> <br /> Equilibre de la terreur? cela voudrait dire qu'il faudrait toujours un équilibre de forces entre des démocraties et des états qui ne le sont pas? C'est un non sens de penser comme cela. F_A Hayek avait expliqué qu'il ne pouvait pas y avoir d'équilibre entre le socialisme et le libéralisme car il ne peut pas y avoir d'équilibre entre l'erreur et la vérité. Dans ce cas c'est pareil. Un équilibre entre la tyrannie et la démocratie n'est pas viable. Car il ne peut y avoir un équilibre entre le non sens et le bon sens. <br /> <br /> <br /> <br /> Pendant la guerre froide la terreur était à l'est pas à l'ouest. Il n'y a pas de danger pour le monde libre si la super puissance est en main de démocraties et d'états de droit. C'est l'inverse qui serait dangereux.<br /> <br /> <br /> <br /> D.J
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D
Moi je vois plutôt une guerre froide bis dont le perdant sera le même faute de moyen pour rivaliser avec le pays de l'Oncle Sam. Poutine investit énormément dans l'effort de guerre russe avec de l'argent qu'il n'a pas. <br /> <br /> <br /> <br /> Le domaine spatial russe est en train de faire faillite. Les financements ne suivent pas, les chercheurs et les ingénieurs s'exilent. L'état à la mainmise totale sur ce secteur ce qui empêche les investissements privés. Les russes dans l'espace ne font plus grand chose dans la recherche scientifiques contrairement à la NASA avec leurs télescopes spatiales, leurs multiples sondes scientifiques et les programmes comme Mars Rover. Commercialement les Russes sont bon dernier dans l'emplois de leur lanceurs commerciaux. <br /> <br /> <br /> <br /> La Russie risque bien dans un futur proche de devenir un boulet pour la Chine. Quand les chinois auront exploité en plein leur gaz de schiste ils enverront bouler les russes et leur accord gazier.<br /> <br /> <br /> <br /> D.J
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A
Pas d'accord avec votre analyse sur le point des armes qui seraient utilisées, la prochaine guerre "mondiale" sera nucléaire (entre autres) ne serait-ce que pour produire des IEM de grande ampleur. En cas d'engagement terrestre violent Il y aurait sans doute des tirs d'armes tactiques (entre autres, d'armes à rayonnement renforcé) de part et d'autre.<br /> <br /> Par ailleurs, la technique de production non-nucléaire d'IEM est bien connue des Russes, (trouvée par Sakharov en 1951).<br /> <br /> Le nucléaire est une forme de dissuasion du faible au fort, je pense que les Russes ne laisseraient pas détruire leur pays sans vouloir se venger, sur l'Europe occidentale et les USA. Et aucune cuirasse n'est efficace à 100%.<br /> <br /> Mais tant que le nombre de tirs restera assez faible, un "hiver nucléaire" sérieux n'est pas à craindre: pas pire qu'une grosse éruption volcanique. Par contre les retombées radioactives et la destruction des réseaux, électriques et autres, seraient désastreuses.<br /> <br /> Théoriquement le stockage d'armes dans l'espace est interdit. Mais faire la guerre aussi, n'est-ce pas? Donc s'il y a des armes en orbite, personne ne s'en vantera...<br /> <br /> En tout cas si les USA pensent la guerre inéluctable, ils vaut sans doute mieux (pour eux) la provoquer plus tôt que ne le souhaiteraient les Russes, qui ont besoin de temps pour reconstituer leur armement. Mais c'est en Europe qu'il risque d'y avoir beaucoup de dégâts et de victimes. C'est le territoire des USA qui est sanctuarisé.<br /> <br /> Que font les divers gouvernements européens pour nous sortir de ce guêpier? Peut-être la Grande Bretagne essaie-t-elle sortir de l'UE pour ne pas être entrainée dans un désastre?<br /> <br /> Pour le moment des deux côtés on joue à faire peur à l'autre, en particulier par des "fuites" controlées sur les armes en développement et leur positionnement.
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  • Blog de Philippe Fabry, historien-théoricien. Ce blog reprend notamment ses travaux relatifs aux "lois de l'Histoire" et leur emploi pour mieux analyser le monde actuel. Tous les articles sont librement reproductibles, avec la mention www.historionomie.com
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